C'est dans une grotte qu'il est né...
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Chers amis,
Cette nuit-même nous célébrons la naissance de Jésus : la naissance de Dieu dans la chair et dans l’histoire des hommes, dans chacune de nos histoires… Bien qu’il n’en soit pas question dans l’Évangile, la tradition fait naître Jésus dans une grotte. Lors de nos retraites en Terre Sainte, nous pouvons la visiter à Bethléem, toucher le rocher sur lequel Marie aurait déposé l’enfant divin, et entonner, même en plein été, le chant d’un minuit enneigé : « les anges dans nos campagnes »… Une grotte de Palestine, comme celle dans laquelle le corps de Jésus fut déposé presque 35 ans plus tard, pour y ressusciter avec autant de discrétion qu’au jour de sa naissance… Grotte de Noël, grotte de Pâques : grotte de nos cœurs où Jésus naît à chaque instant.
Loin des spectacles et des illuminations envahissantes, des réveillons tonitruants et répétitifs, cette délicate et secrète venue de Jésus tranche véritablement. Elle tranche aussi avec le climat de transparence aveuglante et totalitaire qui semble vouloir s’imposer dans notre société : tout doit être mis dans la lumière des projecteurs, su, vu, divulgué, déjà jugé par l’opinion… Je me rappelle ici cette œuvre de J.R.R. Tolkien, « Le Seigneur des Anneaux », dans laquelle le mal, le seigneur Sauron, est représenté par un œil toujours ouvert, surplombant un monde sous le contrôle total de son regard intrusif. Hélas, certaines époques plus ou moins récentes ont présenté Dieu ainsi : un œil toujours ouvert au cœur d’un triangle, image d’un « Je-vous-ai-à-l’œil » implicite et dictatorial. On peut pressentir ce que cela a pu induire de terreur et de paralysie dans nombre de cœurs d’enfants…
Or Dieu n’est pas ainsi ! Je suis profondément touché par le texte de Florin que nous vous proposons aujourd’hui. Il nous dit magnifiquement cette présence intérieure, infiniment délicate de Dieu, qui jamais ne viole ni ne fracture l’espace de nos intimités, mais demande à naître en nous pour une communion d’éternelle réciprocité : « Il y a, dans toute personne humaine, un point intime, où personne ne peut entrer, pas même l’époux ne peut entrer dans ce secret de son épouse… Le mystère de Dieu, c’est une intériorité réciproque. Alors, de quoi s’agit-il dans la petite grotte ? Il s’agit de cette grotte, de cette cellule intérieure en laquelle Dieu vous parle cœur en cœur. La réalité de Christ en nous, c’est de l’intimité profonde ». L’événement de Noël vient alors comme la bonne nouvelle de l’amour qui frappe à la porte de nos cœurs, tel un mendiant. C’est dans une grotte qu’il est né, car « il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune »… La grotte est donc SA place.
Avant de vous laisser avec Florin, qu’il me soit permis de livrer ce qui m’habite en cet instant : en évoquant le mystère des grottes, je pense douloureusement à ces caves ukrainiennes, dans lesquelles se réfugient encore nombre de mamans avec leurs enfants, parents, amis et voisins… Des caves comme des refuges : grottes obscures, grottes d’angoisse, que quelques bougies et sourires d’innocente enfance parviennent à éclairer et réchauffer. Marie et Joseph aussi ont connu l’angoisse pour la vie de l’enfant qui leur était confié : ils ont dû fuir et se cacher, loin de la violence meurtrière du despote de ce temps-là, Hérode… Ne sont-ils pas aujourd’hui même avec Jésus, intensément présents dans ces caves glaciales… ? Puissions-nous rester avec ce peuple, nous aussi, le porter et le rejoindre par ces couloirs invisibles de la prière et de la tendresse.
A chacun de vous et à tous les vôtres, la communauté et moi-même souhaitons un doux et lumineux Noël…
P. Olivier Sournia
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La théologie des grottes
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